65 ans, c’est non ! et 64 ans c’est inacceptable aussi..
Laurent Berger est très clair à sa sortie de Matignon (cliquez sur l’image pour retrouver sa déclaration sur youtube sur une chaine Info)
RETRAITE À 65 ANS : UNE MESURE INJUSTE ET INEFFICACE !
Repousser l’âge de départ légal à la retraite à 65 ans est une mesure profondément injuste ! Elle l’est pour celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, car ils devront continuer à travailler même s’ils ont cotisé assez d’années. Elle l’est aussi pour celles et ceux qui rencontrent des difficultés à se maintenir en emploi ou qui ont des métiers pénibles : ils risquent de s’épuiser davantage. Elle l’est enfin pour celles et ceux qui ne sont déjà plus en emploi, et qui sont, de fait, maintenus dans cette situation. Et passer la retraite à 65 ans, c’est pénaliser en premier lieu les travailleurs et travailleuses dits de la deuxième ligne qui ont permis au pays de tenir lors de la crise du Covid-19 !
De plus, le bénéfice économique d’un recul de l’âge est incertain voire négatif sur d’autres branches de la Sécurité sociale. À titre d’exemple : les arrêts de travail de longue durée sont principalement enregistrés chez les travailleurs et travailleuses en fin de carrière. Reporter l’âge de départ à la retraite, ce serait donc plus de dépenses pour l’assurance maladie, elle-même en déficit…
ÉQUILIBRE FINANCIER DU SYSTÈME : OÙ EST LE PROBLÈME ?!
Dans son rapport annuel de 2022, présenté au mois de septembre, le Conseil d’orientation des retraites (COR) constate qu’il n’y a pas de dérive des dépenses du système. En effet, le déficit projeté de 12 milliards d’euros pour 2027 ne représente en réalité que 3 % des dépenses de retraites par an (s’élevant à 324 milliards). Un tel déficit ne met pas notre système en danger. C’est le résultat de la politique des réformes passées pour lesquelles la CFDT a toujours pris ses responsabilités. S’il y a bien un sujet financier, il doit donc pouvoir se régler sans report de l’âge de départ.
La CFDT attend maintenant de savoir quel est l’objectif de cette réforme. S’agit-il d’améliorer notre système de retraite, avec des droits nouveaux, et répondre aux besoins de financement ? Ou bien de financer d’autres politiques publiques, comme l’éducation, la dépendance des personnes âgées ou la transition écologique ? Ce second scénario n’est pas une option pour la CFDT : ce n’est pas le sujet des retraites !
NOS PREMIÈRES POSITIONS (détaillées plus bas)
- la garantie d’un minimum décent des pensions ;
- la prise en compte de la pénibilité dans l’âge de départ à la retraite ;
- le maintien du dispositif carrières longues pour permettre aux personnes ayant commencé à travailler plus tôt, de partir plus tôt à la retraite.
- l’intégration des questions d’égalité femmes/hommes, pour l’instant absentes des thèmes annoncés par le gouvernement ;
- la mise en place d’un Compte épargne temps universel (Cetu).
La question du maintien en emploi des senior·es est également essentielle. Avec seulement 30 % des 60-64 ans encore en emploi en France (contre 70 % en Suède et plus de 60 % en Allemagne), le maintien dans l’emploi des seniors doit être placé au cœur de cette concertation. La CFDT appelle le patronat à prendre ses responsabilités, à agir pour remédier à cette situation et à mieux intégrer l’usure au travail !
Construire un système de retraites plus juste, équilibré financièrement, sans toucher à l’âge légal de départ en retraite c’est possible ! C’est ce à quoi s’engage la CFDT.
DES MINIMA DE PENSION AU NIVEAU DU SMIC
Revendication forte de la CFDT pour protéger les travailleurs et les travailleuses les plus défavorisés, la CFDT revendique que les différents minima de pension (du privé comme du public) pour une carrière complète soient fixés à 100 % du Smic et indexés sur ce dernier. Cela aussi bien pour les personnes déjà en retraite que pour les futurs retraité·es.
FONCTION PUBLIQUE : DES MESURES POUR LES SÉNIORS ET LA PRISE EN COMPTE DE LA PÉNIBILITÉ
Avant tout, en ce qui concerne la règle « des 6 derniers mois », la CFDT est très claire : elle s’opposera à toute remise en cause de cette mesure. Cette spécificité de la fonction publique est due au fait que les indemnités (qui représentent plus de 20 % du salaire des fonctionnaires) ne sont pas cotisées et donc non prises en compte dans le calcul des pensions. La remettre en question reviendrait à rendre le système inéquitable pour les fonctionnaires.
La CFDT défend également des avancées sur l’emploi des sénior·es. Pour les fonctions publiques, comme pour le privé, nous défendons :
- une négociation spécifique sur le travail et l’emploi des sénior·es ;
- un rendez-vous professionnel à 45 ans ;
- le droit à la retraite progressive pour l’ensemble des fonctionnaires et contractuel·les ;
- la création d’un Compte épargne temps universel (Cetu).
Concernant la pénibilité, la CFDT revendique le maintien du dispositif dit de « la catégorie active » (dispositif de départ anticipé pour certains emplois dangereux ou pénibles), tout en y intégrant des améliorations. Mais la pénibilité dans la fonction publique ne se réduit pas aux fonctionnaires relvant de l’active, d’autres métiers sont concernés, comme les infirmières et infirmiers par exemple. C’est pourquoi la CFDT défend l’extension du Compte professionnel de prévention (C2P) à la fontion publique, pour les fonctionnaires qui ne bénéficient pas de l’active et les contractuel·les qui ne bénéficient d’aucun dispositif de reconnaissance de la pénibilité.
Enfin, concernant l’invalidité, la CFDT réclame le remplacement de la mise à la retraite d’office qui génère des situations de précarité, par le système de la pension d’invalidité qui existe dans le privé.
POUR UN RÉDUCTION DES INÉGALITÉS ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
Notre système de retraite actuel est porteur d’inégalités très importantes pour les femmes. Celles-ci viennent d’abord de la vie active : avoir un enfant entraîne des écarts de rémunérations atteignant jusqu’à 25 % en milieu de carrière, contre 7 % entre les femmes et les hommes sans enfant. Le sujet concerne donc d’abord le travail. Mais le système de retraite doit aussi être construit de façon à réduire ces inégalités, avec des dispositifs solidaires en faveur des mères. La CFDT revendique pour ce faire, une majoration de la pension effective dès le premier enfant. Elle demande également que celle-ci soit forfaitaire et non en pourcentage, sinon en raison des écarts de salaire, les hommes resteront les premiers bénéficiaires de cette mesure, comme c’est le cas actuellement.
La CFDT souhaite aussi une modernisation des droits familiaux et conjugaux. Elle propose ainsi, pour l’ensemble des travailleurs et des travailleuses :
- une meilleure prise en compte des périodes d’interruption de carrière pour enfant ou congé parental dans la constitution des droits à la retraite,
- la prise en compte de l’intégralité de la pension de retraite de la personne décédée dans le calcul de la réversion (y compris les majorations pour le minimum contributif),
- l’harmonisation des conditions d’accès à la réversion.
Pour la CFDT, il s’agirait également d’ouvrir la réversion aux partenaires d’un Pacs, dans les mêmes conditions que pour les personnes mariées.
Ces mesures permettraient ainsi de réduire le risque pour les femmes de basculer dans la précarité au moment de la retraite. En parallèle, la CFDT continuera d’œuvrer pour améliorer leurs droits au cours de leur carrière pour plus d’égalité entre les femmes et les hommes.
Face aux injustices actuelles, il est nécessaire de renforcer la solidarité de notre système : c’est le sens des mesures que porte la CFDT.